Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
El Morjène
24 janvier 2005

PAGE 7

Mais l'argent du prétendant filait de tous côtés : les femmes, les vêtements pour lui, les fêtes et aussi le hachich, il grillait sa vie sans se préoccuper du lendemain, qu'attendait-il ? le sexe il en était gavé !
L'amour d'une femme, il ne savait pas ce que c'était et il se méfiait de tout sentimentalisme. Il trouvait Malika bien naïve et parfois il se demandait comment il pourrait s'entendre pour vivre avec elle et peut-être faire des enfants; il ne doutait pas de son amour mais ce trop plein l'agaçait!
Lui maîtrisait tout, il savait ce qu'il pouvait faire avec elle, peu de chose car il respectait la tradition mais les femmes il ne les respectait pas, il les consommait rapidement comme on boit l'alcool, il ne voulait rien savoir de leurs profondeurs, de leurs désirs de stabilité et de pérennité, il ne voulait rien savoir de leurs générosités et de leurs tendresses, c'était pour lui des oranges sanguines à croquer violemment.
Mais pourquoi donc était-il né dans ce pays si compliqué avec ses traditions bien ancrées, ses femmes craintives et timides. Heureusement il avait l'oeil et savait reconnaître du premier coup celles qui acceptaient l'amourette sans histoire, sans regret, sans suite et elles étaient nombreuses, si bien qu'il avait l'embarras du choix et qu'il ne se gênait pas d'en fréquenter deux ou trois à la fois. Il fallait savoir jongler pour éviter les rencontres : il y avait celle de Tabarka, celle de Djendouba, celle de Tunis. Que de voyage d'affaires, que de voyages pour trouver du travail il fallait inventer pour cacher le manège à son père.
Mais le père n'était pas dupe, lui aussi avait passé sa jeunesse agitée et il s'était marié sur le tard comme faisaient ses copains, il fallait bien un jour se ranger si on voulait une femme et des enfants. Puis il y avait eu l'immigration et la grande liberté de l'autre côté de la mer, à mille kilomètres de sa femme. Ils n'avait pas toujours fréquenté les plus belles, les plus intelligentes mais elles étaient bien habillées, bien maquillées, bien parfumées, de vraies poupées ces jeunes françaises; que de souvenirs et que d'argent gaspillé.
Il rentrait toutes les années à la fin de l'automne quand tous les fruits étaient ramassés; il passait un mois de rêve, sa femme le gâtait, était attentionnée, lui fabriquait les plats qu'il préférait, elle le servait, elle le bichonnait. Quand il repartait sa femme était enceinte : trois décès d'enfants, trois filles :une de la rougeole, une de la scarlatine, une d'accident de voiture; le dernier, le gâté se fortifiait et grandissait chaque année. Son père avait reporté tous ses espoirs sur lui et il avait commencé à se priver, à économiser pour que lui est une vie décente.

Publicité
Publicité
Commentaires
El Morjène
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Albums Photos
Publicité