Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
El Morjène
25 janvier 2005

PAGE 8

Malika se laissait battre par les vagues, la mer immense était le reflet de son amour pour Youssef . Qu'aurait-elle donné pour lui, oui elle aurait donné sa vie. C'était son soleil à elle, c'était ses flots tumultueux, c'était son vent impétueux, c'était sa lumière qui la traversait. Là dans cette mer où elle était plongée, elle était avec lui plus sûrement que s'il avait été présent. Evidemment, elle ne lui dirait rien, il ne comprendrait pas, il ne pourrait jamais imaginer toute la sensualité qui passait dans son corps simplement en pensant à lui .
Il ne comprendrait pas, lui quand il était attiré par une femme il faisait l'amour et une fois soulagé il ne pensait plus à elle sauf quand il avait quelques obsessions pour certaines déesses.
Elle gardait son secret, cette façon folle d'être avec lui puisque les circonstances lui interdisaient l'amour, mais que pouvait-elle faire ? Son corps parlait, la mer et le vent parlaient, le soleil et les nuages aussi, toute la nature parlait de l'homme rêvé mais aussi de l'homme réel. La souffrance était là aussi mais elle la refusait, pourquoi accepter la souffrance à cause de cet homme perdu dans son narcissisme, qui jouait peut-être avec toutes les femmes, cet homme qui n'aimait que lui-même.
Cet homme au regard faux, au sourire de commande,à la parole mielleuse, aux discours enjôleurs, cet homme perdu qui cherchait pouvoir et intérêt. Elle ne voulait plus souffrir à cause de lui, elle couperait cet arbre immense qui lui cachait le monde, elle couperait cet arbre vigoureux qui poussait tous les jours en elle mais elle savait qu'il restait les racines et celle ci étaient si profondes et si ramifiées, si étendues de toutes parts qu'elle se sentait incapable de les arracher; arracher ses racines qui s'étaient mêlées à sa terre, c'était à coup sûr mourir car c'était en même temps se déraciner elle même.
Plus d'un an déjà qu'il avait demandé sa main et toujours rien à l'horizon, toujours aucune date de fiançailles, toujours la même distance de sa part ; s'il veut rompre qu'il le dise vraiment et elle survivra, elle l'oubliera peut-être, elle partira loin de lui en France. En effet son cousin a des fils, on ne sait jamais...elle pourrait savoir quelques choses par ses cousines, sont-ils mariés ?ont-ils des copines ? il fallait se documenter...    Il y a aussi le frère de sa meilleure copine, elle est née en France mais elle a fait l'erreur de se marier en Tunisie et d'habiter au bled, elle a un frère qui paraît-il ne serait pas insensible a ses charmes. On verra bien, elle peut attendre Youssef encore quelques années et après s'il ne prend pas de décision c'est elle qui cassera cette relation beaucoup trop ambiguë.
Se marier en France, avoir le confort, une maison, une voiture, des vêtements modernes, c'est le rêve de toute les filles d'ici . Mais elle son rêve est ailleurs, mais s'il persiste à faire le muet, elle saura bien s'échapper de son filet où il l'a prise comme un poisson et où elle se débat pour ne pas mourir.
Est-ce donc un assassin qui aime voir souffrir, qui aime voir mourir ?
Est-ce un sadique qui prend son plaisir à jouer et à mentir aux femmes ?
Est-ce un inconscient qui ne voit pas les ruines des maisons, les dévastations des jardins, les saccages des sources, la désertification des oasis ?
Est-ce un délinquant qui s'amuse à mettre le feu aux voitures, aux maisons ?
Est-ce un pervers qui abandonne ses proies blessées ?
Elle sentait monter la colère en elle, elle craignait la haine, mais non, elle l'aimait toujours envers et contre tout .
Elle attendrait encore, encore dix ans, encore vingt ans selon sa folie et si lui la trompait, si lui ne l'aimait pas, elle ne savait pas si elle pourrait l'oublier, si elle pourrait aimer un autre homme, elle pourrait seulement faire semblant. Elle n'osait lui téléphoner, il n'aimait pas être dérangé et puis elle craignait de bafouiller quand elle entendrait sa voix et de se trouver incapable de poser les questions essentielles, peut-être craignait-elle les réponses qui pouvaient être cinglantes !

Publicité
Publicité
Commentaires
El Morjène
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Albums Photos
Publicité