16 02 1968 après midi
La petite ne sais pas ce que c'est que l'argent, elle s'en fout ; enfin j'ai tout organisé, je lui ai donné le nécessaire pour sa fameuse école d'infirmière que je ne souhaitais pas, trop difficile, elle est trop sensible et trop fragile pour faire ce métier. Enfin puisqu'elle le veut mais comment va-t-elle tout supporter: ma maladie incurable et celle de son frère - les cours - les stages - la souffrance et la mort. Enfin advienne que pourra, j'aurais fait ce que j'ai pu avant de partir.
Je crois que sa vie ne sera pas facile, elle a trop de désirs, trop de rêves : voyages, escalades ,randonnées ,photos, l'Afrique ,l'avion et tout et tout. J'ai beaucoup de craintes car avant sa dixième année elle me disait :"Je veux faire ce que je veux" et moi je lui répondais :" La vie te dressera" la vie l'a redressé un peu, elle a moins d'illusions sur la religion et sur les paroles des gens.
Mais elle sait qu'elle peut compter sur moi encore un peu, je ne fais pas la comédie, je dis toujours ce que je pense mais j'ai appris à mes dépens que la vérité est multiple.