C'est l'aujourd'hui du passé : Thomas n'a plus
C'est l'aujourd'hui du passé : Thomas n'a plus d'énergie, il est vidé, il n'a plus de désir, il n'a plus de volonté.
Lui le chef incontesté, il a vu arrivé de jeunes loups bardés de diplômes, pleins de fougue et d'ambition. L'un d'eux est là travaillant avec lui, épiant ses moindres défaillances, attendant avec impatience son départ. Il n'a que le mot rentabilité à la bouche.
Les critiques et les humiliations sont venues pour qu'il laisse vite la place et pour qu'il ne regrette pas son départ à la retraite.
Il ne voulait pas partir, il se défendait, il tergiversait, il avait encore besoin de travailler mais les chronomètres arrivaient à La Poste, les réunions de management, les auditions auprès de sa hiérarchie pour faire le bilan de son travail, la menace de blâme. La pression sur le personnel devait être maximum, on ne tolérerait plus les absences pour enfant malade.
La mode du jeunisme commençait, les jeunes chanteurs étaient les idôles des femmes ; heureusement on fredonnait encore Jean Ferrat, Léo Ferré et surtout Georges Brassens.
Mais désormais, les postières montraient leur admiration aux jeunes artistes.