Pas de nouvelles de Thomas, il ne voulait pas

Pas de nouvelles de Thomas, il ne voulait pas téléphoner, elle non plus... Quinze jours s'étaient écoulés, des journées un peu tristes dans cet appartement.
Heureusement pour Rosine, il y avait eu le travail ; finalement elle s'était embauchée à l'hôpital, c'était le seul endroit où l'on pouvait avoir un CDI rapidement, le seul endroit où elle se sentait utile. Le travail était dur et répugnant, en principe elle devait faire le ménage seulement très souvent elle devait remplacer une aide soignante, elle apprenait sur le tas ( mais le ménage ne se faisait pas tout seul ).
Depuis qu'elle était titulaire, elle avait demandé à suivre la formation d'aide soignante, elle avait été scandalisée par l'absence de cours théoriques, ce n'était qu'une formation pratique rapide, bien sûr on était en mille neuf cent soixante quatre !...
Elle avait eu de la chance car l'hôpital recrutait abondamment avec la raréfaction des religieuses hospitalières.
Choyée par sa grand-mère, admirée par son père, gâtée par son grand- père, entourée par ses tantes, protégée par ses professeurs, éduquée en pension dans une communauté riche, elle n'avait jamais connu les privations et les peurs de la guerre, elle avait bien profité de l'argent de ses parents et pourtant elle s'était rebellée très tôt contre la philosophie étriquée de sa mère.
Son père était né avant le siècle, il avait été un bon médecin de campagne, se levant tôt, se couchant tard ; quand les deux enfants allèrent à l'école, ce fut la mère qui fit la secrétaire. Il mourut avant sa retraite, elle avait trente ans et elle fut très affligée par cette disparition. Il y eu son grand mariage avec Alexandre , sa mère fut aux anges, pensez donc une famille de riches bien pensant, une famille amie, c'était inespéré ! Elle avait accepté sans réfléchir, heureuse de cette vie très confortable offerte par son mari.
( elle pensait que Thomas était de l'âge de sa mère et cela lui donnait la chair de poule mais ces vingt ans de différence l'avait moins peiné que la vie avec Alexandre ancrée dans la routine, dans les habitudes passées, dans les vieilleries. )