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Il avait gelé à Tunis, il avait neigé à Carthage fait rare, la mer était blanche, on ne la reconnaissait pas ! Les lauriers roses , les bougainvillées frissonnaient et même les vieux oliviers étaient mal à l'aise, quand aux palmiers ils en avaient vu d'autres !  La neige avait tout caché : la corruption, les malheurs, la répression, tout restait figé sous son manteau blanc.
Quelques fumées bleues mettaient un peu de couleur dans ce gris du ciel qui semblait installé pour plusieurs jours; les villageois grelottaient, la plupart n'avait pas de vrai chauffage, il ne fallait pas compter se réchauffer au soleil d'hiver, il était absent ! La neige ne fondait pas, elle s'accumulait et tous les habitants étaient sur leurs terrasses pour déblayer avant le dégel, les dalles n'étaient pas faites pour tant d'eau . On descendait la neige dans les cours où on faisait de grands tas, en bas, il y avait les égouts, cela ferait moins de dégâts !
Le brouillard devint plus intense, Nour distinguait à peine le mur en face de sa maison puis petit à petit l'impasse sortit du flou, il y avaient des plaques de neige mais aussi les trous et les ordures qui refaisaient surface; le dégel était en cours dans un manque de visibilité complète. Les palmiers sortaient de l'obscurité et secouaient les plaques de neige sur leurs branches horizontales, les terrasses encore blanches reflétaient la lumière qui semblait cachée derrière cette couverture grise. Nour s'était installée sur le petit coin de terrasse du toit qu'elle avait loué ! Un avion passait et se perdait dans la grisaille; pas de bruit de voiture, le gel avait tout stoppé !