17 01 1968 suite

Moi aussi je me raccrochais un peu à la religion, j'étais critique, je ne croyais pas à tout ce qu'ils racontaient, je me faisais un jugement personnel, un Dieu mais pas tout leurs bazars... je n'avais pas laissé les superstitions paysannes pour croire en la magie. Enfin j'étais très raisonnable mais depuis 1952 ça été la galère avec ma fille, elle voulait aller à la messe en semaine, elle cherchait des livres religieux, elle écrivait des lettres à une "mère" de Cluny, moi ça me faisait rire ! Mais après, je n'ai plus rit cela devenait sérieux, elle correspondait avec "un père" et j'étais très inquiète, c'est comme cela que l'on perd ses filles!...
Ma soeur m'avait dit de surveiller sa correspondance mais elle me cachait tout et ne disait rien de ses problèmes. Elle parlait d'entrer au couvent, elle était follette, ce qui m'étonnait c'était qu'elle n'avait pas abandonné les fêtes, les vogues, les kermesses, le cinéma et elle me faisait la guerre pour avoir l'argent pour le cinéma et aussi la guerre pour sortir la nuit mais moi je tenais bon ! On avait décidé de la mettre au centre ménager mais voila la cuisine et la couture ne l'intéressaient pas, c'était les cours de français qui l'intéressaient mais il n'y avaient que des cours d'agriculture qu'elle aimait aussi; c'était un poids pour elle. Elle cherchait des livres de partout, quand elle ne trouvait rien, de rage elle prenait le dictionnaire; il n'était pas question d'acheter des livres!
J'avais cédé pour les revues: Bernadette- Semeuse- Vie catholique- Peuple Libre et parfois le Dauphiné où elle avait appris à bien lire.