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El Morjène
29 octobre 2007

Septembre 1949

On parle de télévision, il ne faudrait pas que ça tarde trop, j'aimerais bien la voir; le cinéma existe depuis longtemps, j'y suis allé avec les copains malgré mon père qui n'aimait pas me voir sortir le soir car le matin été, printemps , automne c'était le lever de tous les hommes à cinq heures, l'hiver on attendait le jour et on pouvait rester au lit jusqu'à six heures trente car il y avait les vaches à traire ensuite on partait au Palard coupé du bois et on le laissait sécher au moins un an.
Le cinéma, j'essaie de me souvenir des films de ma jeunesse :
          l'ange bleu avec Marlène Dietrich
          les lumières de la ville de Chaplin
          un chapeau de paille d'Italie

En 1937, nous sommes allés voir, avec Antonia " la grande illusion " de Renoir mais j'ai oublié. Je me rappelle seulement la difficulté que nous avons eu pour faire garder Anne-Marie et Simon, nous avons du les monter à Suze chez ma belle mère et mon beau père n'a pas apprécié ! Après c'était la guerre et ma femme est devenue craintive et casanière. Plus de sortie, plus de nuit passée avec les copains.
J'aime la poésie, j'ai fait sa connaissance sur le cahier d'Anne-Marie et j'ai continué sur le cahier de Claire, parfois je ne comprends pas mais je me laisse bercer par les mots. Cette poésie part du concret et s'envole on ne sait où, dans des régions inconnues de notre coeur et de notre esprit.
Je retrouve la poésie sans mot dans mes promenades : collines vertes au printemps, collines flamboyantes à l'automne, collines enneigées en hiver. Les collines qui se transforment comme les hommes, les arbres qui poussent, donnent des fruits et deviennent très beaux puis meurent comme nous .
Antonia ne grogne pas quand je pars, elle ne veut jamais promener, elle a toujours plus de travail qu'elle ne peut en faire. Je lui dit :" Laisse le lavage tu le feras demain ou bien jette mes vieux pantalons au lieu de passer des heures à mettre des pièces " mais elle ne veut pas aller avec moi alors j'emmène Claire mais maintenant elle est moins proche de moi, c'est sa copine qui l'intéresse, c'est le jeu qui lui plaît, c'est le pourquoi de sa naissance qu'elle recherche .
L'autre jour elle a dit à sa mère :" Alors est-ce que vous m'avez fait pour que papa ne parte pas à la guerre de 39 ? "  On parle trop devant elle, elle se pose trop de questions. S'il n'y avait pas eu la guerre aurions nous fait cet enfant ?  Sa mère en avait fait toute une histoire, elle trouvait fou de faire un enfant avec cette insécurité, ces bombardements, cette terreur. On imaginait bien qu'Hitler irait jusqu'au bout de ses idées, de ses folies, de ces assassinats.
Moi, j'étais ravi de la naissance de cette petite fille car j'avais trop de difficultés avec mon garçon . La mère aurait préféré ne pas avoir d'autre enfant et elle aurait préféré avoir un deuxième garçon.
Enfin Claire a repris l'école, elle fait sonner le réveil, elle prend le vélo et ne demande plus rien à sa mère!

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