C'était la guerre, les routes étaient

C'était la guerre, les routes étaient dangereuses, elle venait jamais à la maison ou très rarement.
Son homme venait se ravitailler à la maison et repartait par le car, il venait avec une valise immense et repartait avec des oeufs. Une pleine valise d'oeufs et un saucisson ou deux, l'enfant aidait à plier les oeufs dans du papier journal, il en fallait beaucoup, pas question de casser le moindre petit oeuf.
C'était la guerre, l'insécurité, la marraine n'était jamais là.
Il partait en disant : " Merci beaucoup pour Eva, elle sera très contente.
Bien longtemps après la guerre, ils avaient gardé l'habitude de manger la soupe de huit jours, ils avaient gardé l'habitude d'économiser le moindre centime.
Ils avaient des amis, surtout Madame qui avait gardé l'habitude des belles toilettes pour sortir, ça lui rappelait le temps de sa jeunesse où elle faisait le concours d'élégance avec ses copines de travail.
Lui était amateur de musique et bien qu'il fut très économe, il ne ratait aucun opéra. En ces temps difficiles d'après guerre, on s'étonnait qu'il prenne un abonnement à l'opéra, on pensait que cet art était réservé à une élite riche.
Elle suivait son mari en toutes choses comme si elle n'avait aucune personnalité. Son bien aimé voulait sortir, pas de problème elle suivait, elle faisait semblant de s'intéresser à cette grande musique mais elle préférait la musique langoureuse du tango.
Sa vie était un faux semblant perpétuel, elle avait caché à ses parents sa relation avec cet homme, ça aurait fait toute une histoire, pensez donc un homme divorcé c'était scandaleux.
L'enfant ne parlait pas, il n'aimait pas les multitudes de broches qu'on lui apportait à chaque visite. Elle aurait préféré un vêtement potable ; elle ne demandait pas la lune, simplement une petite robe jolie !