Que serait une maison sans fenêtre, noire comme

Que serait une maison sans fenêtre, noire comme une cave, sans électricité. Voilà cette fenêtre aimée qui allait s'ouvrir sur le monde, où l'air et le soleil pouvait entrer chaque jour, on regardait, on voyait ce petit coin de verdure mais la vue était partielle avec de moins en moins de ciel à cause des branches qui le cachaient.
Les jouets de l'enfant étaient abandonnés, elle ne pouvait plus jouer dans ce coin jadis sauvage où elle se racontait des histoires. Elle ne cherchait plus les cailloux, les fleurs ou les nids d'oiseaux, elle ne traînait plus dans la terre pour encrasser ses genoux. Où donc a passé sa curiosité, elle n'avait plus le temps de s'instruire, de reprendre des études alors elle jouait comme la petite fille. Sérieux, pas sérieux, peu importait à Rosine.
Elle avait construit sa cabane avec ce qu'elle avait sous la main : des planches, des ficelles, des grosses pierres, un toit en feuillages, des portes et des fenêtres en tissus, un tabouret en bois, des noix et des noisettes à manger. Elle avait préféré cette cabane à sa maison où elle se sentait définitivement étrangère car elle avait été à tous et tous ne lui ressemblait pas. Parfois elle regrettait la petite maison de Tunisie vendue.
La maison idéale, la maison du bien-être n'existait pas, il fallait l'inventer !
Pouvait-on être en continuels déplacements, de roulottes en roulottes, de refuges en refuges, d'hôtels en hôtels. Privilège pour les retraités !
Avoir accès au nouveau, à l'inhabituel ce serait peut-être la seule façon de se renouveler ; on s'encrassait vite en voyant le même coin, toujours le même décor.
Voulait-elle chercher d'autres prisons d'amour, voulait-elle croire en l'équilibre, la stabilité, la sérénité.