Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
El Morjène
24 janvier 2005

PAGE 4

Ce Youssef !  Il y a quelques années, il avait laissé son âne et sa carriole avec lesquels il transportait briques, ferrailles, ciments, sable pour les artisans . Maintenant il avait laissé son tracteur et sa remorque qui servaient aux mêmes transports mais avec plus d'efficacité, il en avait assez de ce travail mal rénuméré, les clients ne manquaient pas et il y avait peu de camion pour lui faire concurrence mais c'était trop dur, trop dur :charger, décharger et cela toute la journée pendant des dizaines d'heures . Il irait à Tunis, là-bas il aurait la belle vie et Malika l'attendrait, il voulait un travail propre à l'intérieur, un travail dans les hôtels, même la plonge, même le ménage .
Il irait plutôt à Sousse, là où viennent les belles françaises délurées et peut-être une belle aventure commencerait et peut-être la porte de l'immigration s'ouvrirait grâce à une femme , alors il écrirait à sa fiancée et lui expliquerait que tout est fini !
C'était son rêve mais il fallait réunir l'argent pour le voyage, pour une garde robe moderne et pour une survie de quelques temps s'il ne trouvait pas de travail tout de suite. Il demanderait à son père qui ne refuserait pas car il était fils unique mais son père aurait du chagrin de le voir mépriser ce travail de transport et surtout ce tracteur qu'il avait acheté cache en 1977, toutes ses économies d'immigré y avait passer ! il serait très attristé de le voir quitter la tribu pour un travail de femme, pour un travail de rien. Toute sa vie de souffrance à l'étranger, il l'avait accompli pour ce fils, pour ses études, pour son bien-être, pour faire une maison confortable.
Depuis la mort de sa femme, il s'était remarié avec quelqu'un de son âge, ce n'était pas le grand amour mais que ferait-on pour ne pas rester seul ? elle profitait de sa maison, de sa retraite mais elle était en mal de pouvoir ! Son beau-fils ne parlait guère et ses relations avec lui n'étaient pas filiales mais froides et polies. Elle n'avait pu assouvir cette soif de pouvoir qui était en elle depuis toujours, parfois elle prenait son mari comme cobaye mais le temps passait et ses rêves ne se réalisaient pas
Elle avait essayé d'attirer Malika dans ses filets et de tisser sa toile autour d'elle afin qu'au mariage elle soit bonne à consommer mais celle-ci se méfiait, elle connaissait les combines et les manipulations des femmes, il lui semblait qu'elles passaient leurs nuits à projeter des actions, des rêves, des calculs d'intérêts. Tous les matins cette vieille femme avait de nouveaux pièges à poser, de nouveaux lassos à lancer, de nouveaux filets pour enserrer les papillons ivres de soleil et de liberté

Publicité
Publicité
Commentaires
El Morjène
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Albums Photos
Publicité