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Les repas anciens étaient le lieu du conflit journalier, rien n'était bon et Lakdar se plaignait à Nour ou repoussait violemment la nourriture, rien n'était agréable autour de cette table, soit les enfants riaient et il fallait qu'il se taisent, soit ils faisaient les difficiles en laissant le gras dans leurs assiettes, soit ils laissaient attendre le chef qui avait très faim, soit ils mangeaient avant lui et il faisait semblant de croire qu'on lui laissait les restes ! Jamais c'était bien, jamais c'était bon, c'était une vraie corvée et il ne fallait pas s'étonner que les enfants deviennent muets ou trop craintifs !
Nour souhaitait que ses enfants qu'elle n'avait pu choyer deviennent solides dans la confrontation avec leur père dès le jeune âge. Elle pensait que cette situation était dure pour eux mais le départ et l'éclatement de cette grande tribu aurait été pire.
Malheureuse était sa femme, malheur de le voir se détruire chaque jour, malheur de voir ses enfants tristes, malheur de ne pouvoir exister elle-même, d'être la servante de tous, de n'être pas une femme mais un bouc émissaire, malheur d'être surchargée de travail et de ne trouver aucun temps et surtout aucun lieu pour se retrouver. Sa maison était le lieu des caprices de son mari, de ses amis, de sa famille, rien ne l'intéressait dans cette maison : ni la télévision, ni les cassettes et encore moins celles qu'il regardait la nuit.