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El Morjène
15 février 2005

suite page 43 ( b )

Milles possibilités s'ouvraient à elle, laquelle allait-elle choisir ? travailler avec la forme circulaire, avec la forme horizontale, avec la forme verticale ou oblique ou les enroulements. Il semble qu'elle refusait les angles, il y avait des lignes de croisements dans une forme tourbillonnante. Que deviendrait cette ébauche en mouvements tourbillonnants ? Nour allait partir sur la pointe des pieds car Chiraz était prise ailleurs et ne pouvait pas faire deux choses à la fois !
Nour retrouva son meublé miteux et sa ruelle moyenâgeuse, l'humidité avait rongé les murs et des morceaux de crépis jonchaient le sol au milieu de peaux de bananes, de plastiques, d'épluchures et d'eau stagnante; cette ruelle, en hiver, ne pouvait pas voir le soleil, elle restait moisie avec des relents d'égouts bouchés. Cette impasse mal éclairée n'était pas un lieu où traîner la nuit tombée ! même les oiseaux ne descendaient jamais dans ce coin pour manger les miettes de pain !
Lakdar était encore triste et déprimé, il ne voulait pas le montrer mais il se mourrait de chagrin à cause de sa femme qui non seulement ne l'aimait pas mais qui jour après jour l'avait poussé dehors. Il craignait qu'à la première occasion elle le lâche définitivement, elle semblait ne pas l'aimer ! Il se lamentait, il avait fait un coup de tête de venir à Tunis, où étaient ses amis, sa ville, ses cafés, ses épiceries ? Où étaient ses copains, ses mosquées, sa mairie ? Où étaient ses figuiers, ses orangers, son olivier et ses lauriers roses ? Il se souvenait du grand vide quand il était venu ici où il y avait si peu d'objets personnels, ses meubles étaient restés dans sa maison et c'était maintenant le locataire qui se servait de sa vaisselle et puis payerait-il régulièrement le loyer? Il se rattrapait sur les cigarettes, la seule chose bien à lui qui l'avait suivi dans ce quartier minable .
Mais par miracle, un rayon de soleil arriva jusque dans ce logis et son petit reste de regard vit que tout se transformait en lieu sympathique et pourtant Nour ne s'occupait pas de lui, elle avait accaparé la chambre pour écrire après avoir passé une quinzaine de jours à briquer le carrelage et les faïences, à repeindre les portes et les fenêtres, elle ne voulait plus de saleté !
Elle craignait que Lakdar mette le feu à l'appartement car pour un oui ou un non il tombait la cigarette allumée sur la moquette, elle lui avait interdit ce lieu avec du feu; elle craignait pour son beau tapis, la seule chose qu'elle avait choisi et ramené de la maison, cette maison ancienne qui n'était pas la sienne car tout le monde y venait dormir, manger ou jacasser !
Ici chez un propriétaire, elle n'était plus écartelée, elle était mille fois chez elle et elle pouvait se rassembler et garder ses repères !

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