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El Morjène
16 février 2005

suite page 45 ( a )

Pleurer lui aurait fait beaucoup de bien, pleurer devant les impossibilités de la vie, elle se rappelait le temps où elle avait la larme facile . Elle s'était endurcie et ne pouvait pas pleurer, ni rire et pourtant ces deux choses l'auraient bien détendu ! Elle se rendait compte de la grande solitude de l'homme, de la vraie communication souvent impossible, de la cohabitation au lieu du partage, des déchirements entre les désirs d'amour et les devoirs. Pourquoi Nour ne se contentait-elle pas de la réalité de chaque jour, de la réalité de son couple et de sa famille ? Pourquoi Nour ne se contentait-elle pas de la gestion de sa maison, des repas, du ménage comme tant d'autres femmes ? Pourquoi Nour attendait-elle un petit paradis qui n'existait pas ?
Mourir ou se réfugier dans les mots, dans les sons .
Mourir ou lutter pour une survie avec ses probabilités de bonheur plutôt limitées mais ce qui est probable n'est pas toujours ce qui arrive. Alors Nour allait se servir de ce qui est indépendant de sa volonté pour bâtir une maison de pierres sèches et elles les lierait avec du ciment quand les hésitations de destruction-reconstruction seront calmées.
Elle s'ignorait prise dans les contradictions de sa vie qui étaient nombreuses, tout était incertain ! elle savait que son désir de voyages et de nouveautés cachait quelque chose, elle avait pris conscience de tout cela.
Tous chantait :" Contente-toi de ce que tu as, un mari, une maison ..." mais elle ne se contentait de rien, elle tirait toujours devant comme un cheval qui ne savait pas où il allait ! Et sa vie s'écoulait entre les freins et l'accélérateur et parfois la voiture s'emballait et elle se crispait sur les freins !
Elle attendait chaque printemps, chaque lever de soleil, elle vivait chaque marée et chaque reflux et la plage était désertée ! était-ce la vieillesse désertée qui arrivait ! Mais si chaque jour elle attendait la vie, plus de vie, elle ne craindrait pas de vieillir, attendre sans y croire, attendre dans une sorte d'indifférence !
Ces deux pièces étaient sinistres sous le ciel gris de février et sous la pluie froide qui transperçait ses vêtements; sans doudoune, elle se gelait dans les rues et descendait le moins possible, elle n'aimait pas son impasse !

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