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El Morjène
28 février 2005

PAGE 72

Julien avait rêvé d'un long voyage très loin peut-être en Thaïlande, ils étaient plusieurs à partir : lui, un autre homme et une femme mais rien n'était prêt, il n'avait pas passé à la banque prendre de l'argent, aucune personne n'avait pris des bagages . Quel était donc cet étrange voyage sans argent, sans bagage ?
Inutile de faire l'intéressant, de laisser ses valises, de ne pas faire de mutation, il faudra bien les faire un jour; couper la corde, ne pas laisser de lien c'était mieux mais la corde avait été grignotée par le temps . Toutes ces années de dépendance aux caprices de sa hiérarchie, tous ces jours où il n'avait pas vécu, pas aimé ou il n'avait pas désiré; tous ces jours à tourner en rond sans porte de sortie, sans fenêtre pour amener l'air frais et le soleil. Oublier Katia !
Il aurait bien passé la nuit à regarder les étoiles : d'abord le croissant de lune au dessus de la terrasse qui avançait doucement jusqu'à arriver au dessus de la ville puis les trois étoiles qui brillaient le plus dont l'étoile du berger qu'il connaissait depuis longtemps; ensuite c'était une multitude d'étoiles qu'on devinaient et qui devenaient plus visibles quand la nuit devenait plus noire .
Si sa nuit était noire c'était peut-être qu'une multitude d'étincelles allaient venir l'éclairer comme un feu d'artifice ou bien elle restera noire et sombre, sa nuit d'incertitude ! Il connaissait ses désirs mais il ne connaissait pas les désirs des autres, il connaissait ses espoirs mais il ne connaissait pas les espoirs des autres, il connaissait sa peur de décider, sa peur de tout casser, reverra-t-il une petite princesse ou reverra-t-il une mère ? Il aurait bien passé la nuit dans ce petit paradis sous les étoiles protectrices ou annonciatrices, mais il fallait descendre l'escalier.
Qu'attendait donc Katia de Julien ?
Une servitude jusqu'au dernier jour, une docilité à ses idées qui lui paraissaient magnifiques, une présence journalière sans aucun jour de défection, un homme repas, ménage, courses, accompagnateur, taxi, infirmier, formalités, crédits, sécurité mais rien de tout cela l'intéressait, il ne semblait pas fait pour ces métiers qu'il n'avait pas choisis.
Il avait choisi d'écrire même s'il n'avait plus rien à dire, il avait choisi d'aimer même s'il était trop âgé, il avait choisi de voyager même seul, il avait choisi de partir chaque jour même en restant à la même place, il avait choisi de rêver pour unifier ses antagonismes, il avait choisi d'admirer, il avait choisi de plonger dans la mer même s'il ne savait pas trop nager, il avait choisi de creuser sa terre même s'il n'y avait pas de trésor, il avait choisi d'entrer dans le feu sans mourir.
Mais qu'attendait-il d'une femme ?

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