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El Morjène
14 septembre 2007

27 01 1968

Tout doit rester caché de l'histoire de notre famille, même enfant je ressentais avec tristesse et colère ce silence pesant qui existait sur la vie de mon grand'père, de mon arrière grand'mère et personne pour me dire qui était cette femme annulée, elle n'avait pas droit à exister, dans une conversation s'il y avait une allusion péjorative tout retombait dans un silence complice :" On ne parle pas de ça devant la petite " .Ce mystère aiguisait ma curiosité alors que je ne me serais pas interessé à mes ancètres si je n'avais rien ressenti...Je rêvais la nuit à un homme élégant mais un homme assassin, quel crime? Je faisais des cauchemars et je le voyais en fou et je pensais que c'était celui ci dont on avait si honte!...Ce devait être un pauvre type, un anti-héros, un personnage écoeurant, un tueur, un minable, quelqu'un qui avait saccagé toute notre vie, quelqu'un qui avait apporté le malheur à toute la famille, quelqu'un qui n'avait pas droit à l'éternité.
Et moi enfant, j'aurai voulu avoir un héros dans ma famille, pas un héros de la boxe, pas un héros de la guerre,  pas un héros de l'argent. Un héros comme mon grand oncle qui était parti tout jeune de sa famille, avait voyagé et travaillé en Angleterre puis s'était stabilisé à Marseille où il était docker, tous les jours il voyait les bateaux partir en Afrique mais il n'avait pas pu y mettre les pieds. Moi aussi, je partirai de ma famille, j'irai travaillé, j'irai en ville voir cette autre façon de vivre et gagner de l'argent.

  A cette période, je ne savais pas ce que c'était la bourgeoisie; grande j'avais du retenir ma langue devant les remontrances souvent injustifiées pour ne pas perdre ma place. Je partageais ma vie entre la cuisinière, la lingère, la gouvernante des enfants et moi je ne faisais que le ménage, j'astiquais les meubles de style et les parquets à la cire et ça ne brillait jamais assez! Je gardais précieusement mon argent pour acheter mon trousseau, pas le temps de broder les draps, c'est ma petite soeur qui le faisait. Je rentrais une fois par mois pour voir mes parents avec le train puis le tram qui s'arrêtait à La Motte ensuite c'était la marche à pied. J'étais heureuse de revoir ma famille et mon petit frère qui m'avait remplacé aux travaux de la ferme et ma petite soeur qui faisait la couturière. On avait tant de choses à raconter ma soeur cadette et moi mais on ne disait pas tout, on avait nos secrets. Moi, je pensais qu'avec mon pécule augmenté d'années en années, je pourrais me marier avec mon amoureux; chaque mois il venait à ma rencontre et il m'attendait au pont, on s'embrassait et on faisait des projets ! Il m'avait dit que ses parents étaient réticents mais il espérait bien les convaincre
Puis un jour il ne vînt pas au rendez-vous et j'appris par mes parents qu'il fallait absolument que je l'oublie, ses parents refusaient le mariage, question d'argent et depuis ce jour il m'évita. J'étais dégoûtée, il avait choisi la sécurité, il avait choisi l'argent mais le plus douloureux fut quand j'appris son mariage avec une fille plus âgée que moi mais bien dotée et ce fut le plus grand mariage de ce village. Moi, je me trouvais délaissée et je devins mélancolique, je n'avais plus goût à rien, les toilettes et le maquillage ne m'intéressaient plus. Ma patronne au courant de mon grand chagrin devînt encore plus exigeante car il est vrai que je peinais à faire mon travail. Deux ans de chagrin oppressant et puis je décidais de faire ma vie et d'aller de l'avant. Mais maintenant à l'heure de ma mort, la blessure est toujours là bien cachée !

 

 

 

 

 

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