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C'était le mariage de sa nièce, Lakdar était malade donc ils n'iraient pas à la fête, la veille du mariage ils partirent chez sa soeur qui habitait le village voisin; Nour le guida pour qu'il trouve le passage étroit entre les haies de cactus, ils furent reçus dans le petit salon car la grande salle de séjour était occupé par les agneaux égorgés. Il donna l'argent promis et son beau-frère lui donna une épaule mais lui demanda un peu de foie, de poumon, de coeur, de tripes et en plus une tête. Nour était écoeurée, elle savait que dans le sac en plastique le sang coulait encore et que les tripes étaient pleines.
Elle arriva à la maison et se mit à enlever les déchets nauséabonds, à les gratter, à les laver, à les blanchir ! La tête attendit le lendemain et elle décida de lui enlever la peau bien qu'elle ne l'ai jamais fait plutôt que de la brûler ce qui faisait beaucoup de saletés. Tout cela lui rappela tout ce sang versé dans la cour, tous ces agneaux, toutes ces chèvres et aussi la génisse qui demandait grâce. Elle savait tout la pauvre bête et Nour lui tenait les cornes en lui parlant pour l'apaiser et éviter qu'elle n'encorne le beau-frère au couteau. Tout cela était cruel, elle se souvenait car maintenant on ne sacrifiait plus d'animaux dans cette cour !
Mais cette maison restait marquée par toutes ces mises à mort et le monde était rouge de sang de tous les hommes sauvagement tués; quand elle regardait cette terre commune, elle voyait tous ces blessés, tous ces morts d'Algérie et d'Irak, toutes ces guerres, tous ces désastres qu'on pourrait éviter et elle avait honte de ce monde aux richesses mal partagées.
Elle ne se plaignait pas, eux avaient une certaine sécurité avec la maigre pension de son mari. Elle avait travaillé toute sa vie et elle n'avait pas de retraite mais elle était économe et ils n'avaient pas de loyer à payer !