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Autrefois, son père l'avait emmené à la source du quartier qui se situait environ à deux kilomètres de la maison, il y avait des travaux d'entretien à faire, il fallait recimenter le bassinet, son père était préposé aux travaux de maçonnerie et de restauration des gros tuyaux en terre cuite. Il fallait monter vers la montagne, longer la grande combe très profonde, quand elle se terminait, il y avait une entrée secrète avec quelques marches.    
On entrait dans le saint des saints, une minuscule grotte cimentée qui se nommait " fouille " où arrivait l'eau généreuse, il fallait que tout soit parfaitement propre et qu'aucun obstacle ne vienne obturer le gros tuyau de départ des eaux.
Les hommes du quartier étaient tous là, attentifs aux moindre signe de défaillance de l'installation artisanale et chacun proposait son idée, pas question de perdre une goutte d'eau c'était vital, tout devait être étanche.
La petite fille était là, elle observait mais les femmes ne venaient jamais à la source !
Elle connaissait la suite de cette histoire d'eau, celle-ci descendait puis allait dans un reposoir en ciment, c'était ici le partage des eaux : une partie chez Boileau_ une partie chez Boivin _ une partie pour sa tribu . Ce reposoir existe toujours, il est dans sa lande et on entendait l'eau couler, cette eau allait dans un autre reposoir situé dans la cour du grand-père, ici l'eau se divisait encore en trois parties pour aller chez ses trois enfants.
Après la traversée de tous les champs, l'eau arrivait dans le bassin de la ferme où on l'entendait chantonner dès le matin dans le grand silence. La source existe toujours mais Nour s'en éloigne peut-être !...