14 02 1968

Ma vérité est de dire que ma mort est le jour le plus important de ma vie, il ne faut pas la rater dans la souffrance, il ne faut pas la rater dans le désespoir, il ne faut pas la rater dans la haine. Je n'ai pas de haine pour personne depuis cette année, les événements sont ce qu'ils sont, les gens sont ce qu'ils sont, c'est à moi de m'adapter. Je n'ai plus de désespoir cette année, la mort je ne sais pas ce que c'est, je ne cherche pas à la comprendre mais je vais l'expérimenter et comme je ne sais pas je vais m'inventer une mort tranquille et pourquoi pas souriante. Je n'ai plus de souffrance cette année, l'essentiel de ma souffrance était psychologique, j'ai arrêté de me tourner vers le mur, muette, sans aucun mot, sans un regard, sans un geste pour ma fille assise et qui me laissait méditer et qui me laissait calmer ma colère secrète.

Pourquoi moi? pourquoi maintenant? alors que je n'avais jamais vraiment vécu par ma faute: neuf ans sans homme, sans amour, sans amitié, sans culture, sans loisir, sans lecture, sans cinéma, sans télé, sans voyage, sans vacance et souvent sans mes enfants.

Il ne me restait que les voix de la radio!