Automne 1958

Claire est casée cet hiver chez sa tante de Saint Sorlin mais en novembre mon beau-frère est venu demander de l'aide pour sa femme alitée; j'aime beaucoup ma petite soeur, je sais qu'elle va mourir, j'ai donc demander à ma fille si elle voulait y aller, elle a accepté.                                                                                          " Maman, peux-tu me donner un peu d'argent "                                                                                      " Mais Claire ta tante t'a payé "                                                                                                           "  Oui c'est vrai mais j'ai tout envoyé en Algérie "      " A qui en Algérie ? "    " Pour faire des puits au désert "    Inutile de la gronder car elle a honte de me demander " Voilà.. fais attention de ne pas le perdre ..."                Moïse va aider son gendre en mobylette et moi je crains toujours un accident ,je sais qu'il aime travailler et aussi fabriquer des objets avec ses mains, j'admire ses paniers en osier et aussi ses paniers rectangulaires en lames de châtaignier, sa corbeille à linge, ses cordes, sa charrette. Autrefois il rempaillais les chaises avec " du fla " de la Galaure, maintenant il refait nos chaises avec des cordes mais c'est moins beau, il fait aussi des échelles en bois. Mais quand il monte sur le toit pour changer les tuiles, j'ai très peur, un vertige et ce serait fatal !     Mais il sait aussi perdre son temps et promener dans les bois et il ramène parfois quelques objets insolites : un bouquet de pommes de pin soudées ensemble, des lianes quand sa fille était enfant, des nèfles, des sorbes, des noisettes mais depuis quelques années ces fruits se font rares !   Pour les mousserons, je crains qu'il se trompe avec les faux alors je jette donc il ne me ramène plus rien pas même des trompettes de mort, même pas des morilles qui se font si rares .