Elle avait marché avec la nature, elle avait

Elle avait marché avec la nature, elle avait déambulé dans les petits chemins, elle avait exploré les combes profondes, elle était assise sous un ciel d'été mais ce qu'elle voyait ce n'était pas le bleu du ciel, c'était une nuée grise qui l'enveloppait et ne permettait plus cette communion avec la vie sous toutes ses formes.
C'était une nuée opaque où le passé semblait nul, le présent plein de risques et l'avenir incertain. On aurait pu croire à une grande satisfaction avec la visite de Thomas, non c'était une incertitude, un doute. Mais elle restait curieuse pour la femme, pour les femmes et pour l'homme en général ; sa vie n'était qu'une série de petites explosions, rien de limpide comme un fleuve tranquille :
des colères parfois et tout cet amour qu'elle voulait offrir à celui qui permettrait l'explosion de la vie, et tout cet amour retenu devant les hommes, toute cette maladresse, cette timidité, ce désir profond de se donner.
Cette femme aurait aimé danser pour délier ce corps encore courbaturé mais peut-être danser seule pour ne pas être conduite.
Cette femme aurait aimé nager au milieu des autres nageurs.
Elle aurait aimé marcher avec les autres marcheurs; est-ce vrai Rosine ?
Elle avait pris tous les risques pour ne pas se raidir, pour ne pas se fermer à l'amour ; le risque de trouble, de déstabilisation, de vibration de tout l'être. Mais l'amour englobait le monde et il fallait qu'elle sente cela pour vivre la jouissance.
Les feuilles mortes étaient là par terre, elles ne servaient plus à rien ; mais les feuilles vertes étaient là plus ou moins ouvertes, plus ou moins bourgeonnantes, plus ou moins colorées, il y en avait de partout, toutes petites elles commençaient à se nourrir des feuilles mortes.
Quelques arbustes ont fleuri en blanc, les petites plantes fleurissent en jaune, en violet, en rose. Pour que le paysage devienne beau, il fallait que toutes ces feuilles mortes soient disparues, absorbées par la terre.
Laisser mourir de qui doit disparaître.